Un accord final a été signé entre le gouvernement belge et l 'entreprise française Engie pour prolonger l'exploitation des réacteurs nucléaires Tihange 3 et Doel 4 de 10 ans et sur toutes les obligations liées aux déchets radioactifs.
La signature de l 'accord par, de gauche à droite, la ministre de l'Énergie Tinne Van der Straeten, le Premier ministre Alexander De Croo et le PDG d'Electrabel Thierry Saegeman ( Image : @ alexanderdecroo)
Dans le cadre d 'un plan annoncé par le gouvernement de coalition belge en décembre 2021, Doel 3 a été fermé en septembre 2022, tandis que Tihange 2 a fermé fin janvier de cette année. Les nouvelles Doel 4 et Tihange 3 seraient fermées d 'ici 2025. Cependant, en mars de l'année dernière, le gouvernement belge a décidé d'entamer des pourparlers avec Electrabel - la filiale belge d'Engie - en vue d'étendre l'exploitation de Doel 4 et Tihange 3, permettant de conserver 2 GWe de capacité de production nucléaire.
En juillet 2022, le gouvernement et Electrabel ont signé une lettre d 'intention non contraignante sur la poursuite des négociations sur la faisabilité et les conditions d'exploitation des réacteurs pour une nouvelle période de 10 ans. Le 9 janvier de cette année, un accord de principe non contraignant a été signé qui « concrétisait les éléments » de la lettre d 'intention signée en juillet. Cet accord a été suivi d 'un accord intérimaire qui s'appuyait sur l'accord du 9 janvier et définissait les conditions de la prolongation de l'exploitation des deux réacteurs. Un accord-cadre a été signé le 21 juillet pour la poursuite des négociations en vue de parvenir à un accord définitif et juridiquement contraignant en octobre.
Un accord final vient d 'être signé, qui confirme et entérine les principes clés de l'accord-cadre signé le 21 juillet.
Concrètement, l 'accord confirme l'engagement des deux parties à mettre en œuvre l'opération flexible à long terme ( Flex LTO), avec un investissement estimé de 1,6 à 2,0 milliards d'euros ( 1,7 à 2,2 milliards d'USD), et à faire de leur mieux pour redémarrer les réacteurs dès novembre 2025. Il établit également une structure juridique dédiée aux deux unités étendues, détenues à parts égales par l'État belge et Engie.
Elle confirme également que le modèle économique de l 'extension sera assorti d'une répartition équilibrée des risques, notamment par le biais d'un mécanisme de contrat de différence couvrant la rémunération de la production d'électricité. Le prix d 'exercice doit être basé sur le coût réel de l'extension de l'exploitation des unités nucléaires. Ce coût n 'est pas encore connu, mais sera estimé sur la base des exigences de sûreté nucléaire définies par l'Agence fédérale de contrôle nucléaire. Un prix initial sera fixé en 2025 et mis à jour en 2028 pour refléter le coût final connu de l 'extension, pour couvrir la période jusqu'en 2035.
En outre, elle détermine un montant fixe pour couvrir les coûts futurs liés au traitement des déchets nucléaires, concernant toutes les installations nucléaires d 'Engie en Belgique, pour un total de 15 milliards d'euros payables en deux tranches selon la catégorie de déchets.
Le texte final définit également les conditions techniques et opérationnelles pour le redémarrage des deux unités à partir de novembre 2025, avec toutes les garanties de sûreté nucléaire.
Engie a déclaré que l 'exploitation de ces deux réacteurs et les travaux de démantèlement en cours de ses autres unités " maintiendront environ 4000 emplois ( directs, indirects et induits) et nécessiteront le recrutement de 200 salariés supplémentaires dans les prochains mois".
Il a noté que l 'accord reste soumis à l'approbation de la Commission européenne - avec des consultations en cours - et " au vote de fond sur les amendements législatifs".
« Nous sommes très heureux d 'annoncer la signature finale de cet accord, qui permet un partage équilibré des risques liés à l'exploitation prolongée des deux unités nucléaires et élimine les incertitudes pour le Groupe Engie liées à l'évolution du passif des déchets nucléaires », a déclaré Catherine MacGregor, PDG d'Engie. « Nos équipes travaillent d 'arrache-pied pour mettre en œuvre les LTO le plus rapidement possible, afin de renforcer la sécurité de l'approvisionnement en électricité en Belgique. »
Recherché et écrit par World Nuclear News